Emploi, chômage des jeunes et protection sociale en Afrique centrale

Chômage et sous-emploi en Afrique centrale

Le taux de chômage dans la sous-région Afrique centrale est très élevé (23,12%), voire plus dans certains pays comme la République démocratique du Congo (70%) ou le Tchad (30%). Ce taux l’est davantage lorsqu’il s’agit du sous-emploi. En effet, dans un pays comme le Cameroun, en utilisant la définition du chômage du BIT, discutable dans la réalité de certains pays africains, on trouve un taux de chômage de 4,4%.

Pourtant le taux de sous-emploi est d’environ 75,8% d’après l’enquête ECAM 3. Cette situation s’explique par le fait que le secteur informel est dominant et emploie plus de trois-quarts de la population active.

Le plus souvent, ces personnes sont employées abstraction faite de leur capacité et de leur formation. Par ailleurs, leurs conditions de travail sont mauvaises. La question du déficit d’emplois décents se pose alors dans la sous-région avec acuité.

Le chantier dans ce domaine est donc immense et les dirigeants de la sous-région devraient s’y atteler rapidement. C’est pour cela que la lutte contre le chômage, la création d’emplois décents et la réduction significative du secteur informel sont des objectifs majeurs pour les années à venir, dans l’optique du développement durable.

L’insertion socioéconomique des jeunes et des femmes

Le chômage des jeunes est inquiétant. Le marché du travail est tendu, notamment dans les villes, avec les migrations et l’exode rural. Cette problématique s’insère dans celle plus générale de l’insertion socioéconomique des populations défavorisées. Le chômage affecte surtout les ruraux, les jeunes et les femmes. Les jeunes désœuvrés d’Afrique centrale constituent, compte tenu des caractéristiques propres à ce groupe et de la fragilité des systèmes sociaux et politiques, une véritable bombe à retardement, qui peut embraser la région à tout moment, si rien n’est fait pour la désamorcer.

Il ya lieu de mieux affiner l’analyse sur la question de l’insertion socioéconomique des jeunes et des femmes, comme moyen de réduction de la pauvreté, de création de richesses, de prévention des conflits et donc de renforcement de la stabilité sociopolitique. Actuellement, les politiques semblent en panne d’idées originales face à la montée du chômage des jeunes.

Trois pistes pourraient être explorées: i) allouer plus de moyens aux initiatives en faveur de l’emploi des jeunes ;ii) systématiser l’évaluation des politiques publiques d’emploi des pays pour être sûr que la question de l’emploi des jeunes et des femmes est correctement prise en compte; iii) inscrire comme transversal dans tous les domaines et à tous les niveaux le renforcement des compétences entrepreneuriales des jeunes et des femmes, par la formation appropriée et l’accompagnement financier ou non financier des porteurs de projets, la formation des formateurs dans l’accompagnement des jeunes micro entrepreneurs, le renforcement des compétences pratiques (life skills) chez les jeunes. Ce sont ces compétences qui permettent de croire en l’avenir et de développer chez les jeunes les capacités de critiques et le sens citoyen leur permettant de dire non aux entreprises aventureuses.

Vers une généralisation de la protection sociale

Ces dernières années, on observe une tentative de généralisation des systèmes d’assurance maladie, qui prend la forme de mutuelle de santé. Cette dynamique est intéressante, mais a un impact relativement modeste du fait de la fragilité des systèmes d’assurance maladie, du point de vue de la viabilité, en raison de la faiblesse de leur taille et de leur structuration, du déficit d’outils de gestion et de suivi dans le fonctionnement courant, de la garantie «petit risque» privilégiée qui est insuffisamment attractive du fait des copaiements (Letourmy et al., 2005).

Pour les experts, trois (3) questions sont d’actualité: i) Comment influencer le développement des mutuelles pour éviter que leurs modes de création n’aboutissent à la génération d’un très grand nombre de petits organismes dont la viabilité est incertaine? ii) Le «petit risque» est-il un produit  vocationnel de l’assurance maladie et des mutuelles de santé? iii) Comment favoriser un fonctionnement plus technique des mutuelles en maintenant un fort degré de participation sociale? (Letourmy et al. 2005).

Travail décent et objectifs de développement durable

Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail. Il regroupe l’accès à un travail productif et convenablement rémunéré, la sécurité sur le lieu de travail et la protection sociale pour les familles, de meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale, la liberté pour les individus d’exprimer leurs revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie, et l’égalité des chances et de traitement pour tous, hommes et femmes.

Au cours de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2015, le travail décent et les quatre piliers de l’agenda pour le travail décent – création d’emploi, protection sociale, droits au travail et dialogue social – sont devenus de éléments centraux  du nouveau Programme de développement durable pour 2030 . L’objectif 8 du Programme pour 2030 invite à promouvoir une croissance économique soutenue, durable et partagée, le plein emploi productif et le travail décent ; il sera un domaine d’engagement essentiel pour l’OIT et ses mandants. En outre, les principales dimensions du travail décent sont largement incorporées dans les cibles d’un grand nombre des 17 objectifs de la nouvelle vision du développement des Nations Unies.

Sources : Rapport sur les objectifs de développement durable pour la sous-région de l'Afrique Centrale, 2015

http://www.ilo.org/global/topics/decent-work/lang--fr/index.htm consulté le 07 Octobre 2016

http://www.ituc-csi.org/world-day-for-decent-work?lang=fr consulté le O7 Octobre 2016

apr-news.fr consulté le 07 Octobre 2016

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